Suite de l’article Equisport du mois d’août
consacré à l’évolution de l’équitation telle que perçue par l’auteur (retour du n° 8 Science Equestre en Octobre)Sorti de l’école de Faulx les Tombes (Gesves) en juin 1974 j’ai fait mon service militaire comme chasseur à cheval (canonnier char).
Durant ces dix mois passés à Arrnsberg en Allemagne j’ai quand même pu monter un peu les chevaux de deux officiers qui les avaient mis en pension dans un manège assez proche de la caserne et participer au championnat militaire (obstacle) à Léopoldsburg.
Les trois ou quatre cavaliers que nous étions à la caserne persuadèrent les officiers que l’équitation pouvait être considéré comme un sport viril (seul les Guides et Lanciers avaient des manèges et les chasseurs à Cheval ne les aimaient pas, pourquoi …?).
L’année suivant la fin de mon service, un manège fut cependant inauguré au sein de la caserne (premier moniteur : M. Jean-Frédéric Magis qui m’avait suivi de près dans sa formation au manège chez monsieur de Loménie et aussi à Gesves).
Je me suis lancé ensuite comme indépendant dans la vie professionnelle en tant que professeur d’équitation ; je dois mes premières places aux recommandations de mon maréchal ferrant, Jules Bebronne ; l’une, près de Saint Vith à Börn chez Willy Peters et l’autre au Mas à Dolembreux (suivi 4 ans plus tard par J.F Magis).
Mes journées passées en dehors ce ces deux manèges se composaient de séances de débourrage, quelques leçons particulières et beaucoup de leçons collectives. Le dimanche j’allais souvent en concours régional CCLR (GEPL de nos jours) de dressage ou d’obstacle, parfois en complet accompagné de mes élèves.Une autre association organisait de temps en temps des concours à cette époque dans la région de Liège : les amis (C.E) de Saive (ou une dénomination dans ce genre).
Les dimanches sans concours il y avait de 6 à 8 leçons au manège. J
e montais en compétition des chevaux de propriétaires ou de commerce ; je me souviens de très bons moments passés à essayer de battre des cavaliers comme (entre autres) : Léon Dourcy, J. Bourdoux, M.Tecqmenne, A. Duysen, M. Stassen, J-M Baiverlain, J-M Corrin, A. Low, G. Brocart, J. Thiry, O.Desemberg, Mlles Goëmé, Lechanteur, Steinbuch, Müller, Ne
zer (toutes encore junior à l’époque) et J.Genon + tous ceux dont les noms ne me reviennent pas en mémoire…
Il y avait toujours une très bonne ambiance durant les épreuves qui se déroulaient sur des hauteurs de 90cm 1m20.
Les moniteurs « vedettes » étaient déjà F. Engels, Luc Pirick , J.Kettmus et G. Parotte, A. Poot et D. Mansted (ortho ?).
Les concours GHBRU correspondaient à l’époque aux actuels C2 organisé par la LEWB. La FRBSE gérait des épreuves étalées du 1m20/30 aux plus grosses hauteurs. Un premier grand manège couvert fut inauguré à Micheroux et je me souviens des concours hivernaux ainsi que des concours internationaux qui y eurent lieu, des coupes du millénaire aussi ; c’était prestigieux en Province de Liège à l’époque.
Une autre fois une grande fête y fut organisé pour le Xème anniversaire de CCLR : chaque cercle présentait un numéro, c’était très diversifié mais le plus spectaculaire avait été le groupe de jeunes présenté par le cercle de Dolhain (mise en selle sur une série d’obstacles en ligne) ; les cavaliers avaient exécuté le dernier passage assis à l’envers sur leurs chevaux ! Lionel Collard Bovy, élève de Joseph Kettmus, devenait champion de Belgique junior à l’age de 16 ans. Il y avait alors encore très peu de groupes constitués montant des poneys.
En 1977 ou 78 l’application de la TVA devenait obligatoire pour les leçons (pour le reste des activités équestres aussi) et M.Pierre Boulanger (Ecuyer) et moi-même furent les premiers à avoir un registre de commerce et un n° de TVA en province de Liège. Je fus de ce fait aussi le premier contrôlé « sévèrement » dans mon cas.
On organisait de temps en temps des passages d’examens du premier degré, un peu moins souvent du deuxième degré ; beaucoup de cavaliers « amateurs » se préparaient aux examens qui étaient fort semblables à ceux organisés actuellement (le deuxième degré était un peu plus facile à l’époque).
Les brevets étaient délivrés par la FRBSE. Des formations (courtes) ADEPS qui se déroulaient déjà à Gesves permettaient à certains de se former au métier d’enseignant. Afin de ne pas oublier ce que j’avais appris et continuer à me former j’avais demandé à pouvoir (re)suivre ces formations ADEPS à Gesves (alors que j’avais déjà mon diplôme).
J’ai aussi gardé un souvenir extraordinaire d’un stage suivi avec Maître Oliveira; de stages avec Anne d’Ieteren et d’autres stages ( Hunterseat) dans les installations à Erezée sous la surveillance de N.Pessoa.
Les cavaliers américains gagnaient tout à cette époque et tous appréciaient l’élégance de leur position et la sensation de facilité qui se dégageait de leur monte.
Leur entraîneur, monsieur de Nemethy, commençait à se faire connaître chez nous.
Certaines épreuves en national comme en régional (il y avait deux catégories) étaient jugées selon la formule du Hunterseat (points+présentation+ style du cavalier et du cheval). Une finale se déroulait au jumping de Bruxelles.
Les promoteurs et/ou cavaliers participants étaient N. Pessoa, J.P Musette, F.Mathy, Hervé Daout, Evelyne Blaton et son frère, B.Vander Elst, Eric Wauters, Michel Deprez rejoint bientôt par d’autres. Monsieur le Roland, célèbre Ecuyer et cavalier en dressage vint s’installer en Belgique aussi.
L’équitation Belge commençait une évolution marquante qui se poursuivit grâce à la venue régulière un peu plus tard de monsieur de Nemethy en personne et de Georges Morris par la suite. Toute l’Europe suivit ce mouvement et ceci abouti à une uniformisation de la monte toujours d’actualité de nos jours ; les différences entre monte à la française, allemande, italienne, anglaise s’atténuèrent fortement.
Le dressage des chevaux était plus poussé tout en restant naturel, souple avec des positions sobres et élégantes, des aides discrètes. Ce qui m’a marqué le plus était le fait de devoir garder en permanence, avant, au-dessus et après le saut tout le poids du corps dans les talons nettement descendus, genoux jamais serrés et mollets très fixes à la sangle.
Le buste s’inclinait moins en avant que ce que j’avais appris et on « n’aidait pas » le cheval.
On ne devait plus tellement se préoccuper de placer les trois dernières foulées mais bien de conserver une amplitude et une cadence constante sur toutes les foulées. On devait pouvoir réaliser, à amplitude régulièrement maintenue, peu ou beaucoup de foulées entre deux obstacles tout en gardant le cheval « aux ordres » et calmes. J’étais étonné de voir nos cavaliers de très haut niveau monter en groupe avec monsieur de Nemethy, le plus souvent sur des exercices de base et des obstacles souvent très bas.
Les rênes allemandes attachées au poitrail étaient proscrites ainsi que les flexions d’encolure ; le dressage était très « classique ».
Je vous recommande son livre (la méthode Némethy Editions Lavauselle) qui reste pour moi, même actuellement, un des livres les plus importants de l’équitation moderne. Un détail amusant : les bottes fines et souples ont commencé à être à la mode grâce à cette évolution.
En dehors du travail des chevaux, du débourrage et des cours je tondais, toilettais et exerçais de plus (tôt le matin) un second métier. J’alimentais les boulangeries en pain et en pâtisseries mais ai aussi fait la tournée des médecins pour allez chercher les prises de sang, etc.
J’ai vidé des boxes, fait le barman, un peu de commerce de chevaux ou de matériel de sellerie. J’avais également quelques chevaux en pension à la maison et je faisais saillir mes juments par les étalons de M. Gustin père et fils (Philippe).
Les saillies avaient lieu le plus souvent en prairie.Une fois par mois j’assistais aux réunions des cercles CCLR en accompagnant les représentants des cercles ou je travaillais: le Mas, Börn ensuite Saint Vith, le Ry-Poney, le Pégase noir (Comblain au pont, cercle disparu) Mont Saint Jacques et enfin le Ry de Bosson ; les réunions duraient souvent jusque minuit ou plus et l’ambiance était « passionnée ». Les personnalités dont je me souviens le mieux étaient M. Lorquet(père), M. Lejeune (un autre), M.Adam, M. Collard Bovy, M.(et Mm) Desama, M. Dujardin (d’abord chronométreur, ensuite chef de piste)J’ai alors éprouvé (1979/80) le besoin d’avoir mes propres installations.
J’étais sur le point de reprendre Mont le Soie (M.Crunenberg le fit) ainsi que le manège à Baufays lorsque je fus contacté par Gesves pour être professeur à mi-temps.
J’ai alors rassemblé mes élèves dans le manège de M. L.Pirick pour exercer là l’autre mi temps.
Suite (de 1980 à 2004) et probablement fin lors d’un article suivant.Je vous prie de bien vouloir pardonner les oublis ainsi que l’une ou l’autre erreur dans cette narration forcément incomplète.
J’ai probablement et malheureusement oublié de mentionner l’une ou l’autre personnalité marquante de ces époques, qu’elles m’en excusent.Je n’ai jamais eu une très bonne mémoire (surtout celle des noms).
Etienne Patigny Courriel :