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SCIENCES EQUESTRES : INTRODUCTION

Auteur de l’article : Etienne Patigny

Introduction

J’ai proposé de publier assez régulièrement des articles à paraître dans ces pages.

Il ne s’agira pas d’un livre ou d’un cours mais de réflexions concernant l’équitation au sens large, la pédagogie ou la science équestre ; il n’y aura pas d’ordre chronologique mais j’y exposerai plutôt  des idées au fur et à mesure de mes intuitions ou de vos demandes.

J’espère d’ici peu communiquer plus et plus souvent avec vous par l’intermédiaire des bulletins info des groupements ou par un dialogue sur leurs sites.

Je compte m’adresser par ces écrits aussi bien aux enseignants qu’a tous les cavaliers : débutants ou plus ou moins confirmés, randonneurs, dresseurs, cavaliers d’obstacle et autres passionnés.

Ma première pensée va aux moniteurs et exploitants de manège

Que de patience et de dévouement, de passion du métier et de l’enseignement !

Volonté, courage, persévérance ; s’intéresser à tout et à tous, avoir de l’imagination, se former ; avoir le sourire tout en maintenant sécurité, ordre et discipline ; assurer le bien-être des chevaux et des cavaliers ; imaginer, organiser encore et toujours sans jamais se lasser; entretenir plus que bien les infrastructures, chercher à les améliorer et aussi… s’investir financièrement ; être aimable, savoir écouter, savoir se faire entendre, tout voir et tout savoir ; se transformer en palefrenier, femme de ménage ou barman, maréchal ou infirmier, menuisier, chauffeur, comptable etc.…

Voici donc quelques-unes des qualités nécessaires à un enseignant ou à un patron de manège car ces deux fonctions, dans nos régions, se confondent aussi souvent qu’elles s’associent.

Pour conclure : ils ont l’amour des chevaux et des hommes et accomplissent une mission éducative qui souvent déborde largement de l’enseignement de l’équitation, leur pourtant première et plus importante passion.

Ils méritent estime et respect, dites le leur ; ils auront chaud au cœur. 

Et les cavaliers ?

La plus-part aiment le contact avec l’être «  cheval » et la nature.

Les adultes veulent avant toute autre motivation se divertir, se changer les idées tout en faisant de l’exercice physique ; devenir un cavalier élégant ambitionnant, pourquoi pas, l’équitation supérieure ou savante sans courir de risques d’accidents ou sans fournir d’efforts physiques trop intenses pour lesquels ils ne sont d’ailleurs pas entraînés ; bien sur, le temps leur manque cruellement pour s’adonner autant qu’ils le voudraient à la pratique équestre.

Il aime un confort « minimum  ou plus » et est pointilleux sur l’hygiène, pour lui, ses enfants et ses chevaux.

Lorsqu’ en plus leurs enfants pratiquent, ils sont de plus ou moins bon conseil et se transforment tantôt en sponsor, groom, chauffeur, palefrenier, ramasseur de barres ou répétiteur-dicteur, entraîneur « adjoint ».

Parfois ils s’investissent, qu’ils montent, ais montés un jour ou jamais, dans l’organisation du cercle comme administrateur ou bénévole aidant lors des manifestations pour les petits  ou gros boulots.

Leur fonction et leurs services sont utiles et même indispensables, surtout pour ouvrir le porte-feuille.

Quand il s’agit de payer leçons, stages, perfectionnement, matériel et le premier poney suivi des autres, plus grands, plus performants ou plus nombreux, on comprend que nous les aimions.

Ceci, à condition qu’ils ne nous marchent pas sur la tête et qu’ils ne se prennent pas pour le meilleur et seul manager du monde ; qu’ils ne perturbent pas toute l’organisation du cercle ou du groupe en voulant et sachant mieux …

Autre chose : je constate que de plus en plus de personnes continuent à prendre, plus ou moins régulièrement, des leçons pour  le bien-être de leur cheval « chéri » ; vouloir le garder en bonne santé physique, souple et obéissant, évitant la monotonie en lui faisant découvrir parfois d’autres disciplines que celles qu’il pratique habituellement.

Les enfantspratiquent de plus en plus jeune.

Cette tendance s’est manifestée il y a une quinzaine d’années seulement et se développe à une vitesse foudroyante.

Avant, on commençait vers l’age de 10,12 ans, aujourd’hui dès 3, 4 ans. 

Les infrastructures , les activités adaptées , les méthodes et formations d’enseignement ont  et vont encore beaucoup changer pour s’adapter à cette évolution.

Ce qui ne cesse également d’évoluer est le très grand nombre de filles qui pratiquent. La proportion,  pas loin des  80% parmi ceux qui débutent est telle que ce sport inspiré durant des siècles de pratiques viriles et militaires est maintenant fui par les garçons ; quelles sont les conséquences de cet état de fait, aujourd’hui et pour demain ?

Les jeunes et la compétition ?

La pratique, spécialement du saut d’obstacle, enthousiasme toujours les jeunes et adolescents dont les désirs de comparer, confronter et de vaincre n’ont jamais cessé ; les règles sont claires, faciles à comprendre, non subjectives et le classement impitoyable.

D’autres, nouvelles et anciennes disciplines, attirent également jeunes et enseignants : concours complet, poneys-games, horse-ball, joseikan-bajutsu(dérivé des arts martiaux), trec, attelage(et oui !) ; la voltige « ludique » aussi semble vouloir se développer.

Ces activités nouvelles sont souvent moins onéreuses que l’obstacle et permettent de diversifier les activités du cercle. Attirant, jusqu’à présent, moins de cavaliers ces compétitions sont parfois ou souvent plus « conviviales », l’envie de se rencontrer en faisant la fête aussi important que le fait de vaincre ; l’esprit d’équipe mis en valeur témoigne d’une vision moins individualiste du sport et rencontre ainsi des caractéristiques sans doutes plus féminines.

En Wallonie spécialement, la richesse contenue dans le porte-feuille étant ce qu’elle est et la pratique de compétitions de haut niveau étant très onéreuse, nous ne pouvons espérer un nombre important de vedettes. Par rapport aux grands pays, nous ne représentons d’ailleurs qu’un tout petit nombre de pratiquants et nous savons statistiquement parlant que peut-être 1 sur 1000 pourrait atteindre ce niveau. Pour clore l’aspect compétition je dirais que toutes les compétions de proximité de bas et moyen niveau ont un bel avenir devant elles. Celles de (plus) haut niveau n’ont d’ailleurs pas besoin d’attirer trop de cavaliers pour satisfaire public et sponsors peut-être retrouvés par un spectacle moins lassant et de qualité ; les organisateurs de ces évènements devraient cependant (en Wallonie) être aidés par les pouvoirs sportifs et publics durant un temps certain …

Les examens et confrontations  au sein du manège, les fêtes ?

Les examens que tout le monde (ou presque) connaît maintenant seront le premier moyen mit à la disposition des élèves pour constater leurs progrès mais aussi à se fixer un nouvel objectif pas trop éloigné dans le temps; ce sera un stimulant pour le professeur et son élève ainsi que pour l’entourage.

Les confrontations de toutes sortes, sorties de l’imagination des enseignants ou des enfants eux-mêmes, animeront le cercle et entretiendront cet esprit d’équipe et de camaraderie que nous avons aussi en nous.

Les spectacles, longuement préparés et répétés seront applaudis par toute la famille et les amis ; ils constituent la cerise sur le gâteau.

Quelle sera l’évolution de  la pratique équestre ?

Le besoin de se rapprocher de la nature et des animaux n’ira certainement qu’en augmentation.

Les temps libres seront croissants et si le pouvoir d’achat est maintenu ou augmenté nous pouvons prédire un essor florissant à la pratique de l’équitation.

Il sera cependant nécessaire que des facilités soient accordées aux jeunes investisseurs.En effet, peu de jeunes ont actuellement le désir d’entreprendre pour diverses raisons :

Les investissements nécessaires, l’entretient des infrastructures et des chevaux, le coût élevé de la main d’œuvre qui doit être qualifiée, ne permettent pas l’amortissement nécessaire et encore moins des salaires décents aux différents intervenants.

L’équitation est devenue un sport de masse, presque un phénomène de société mais les pratiquants ne pourrons pas ou difficilement supporter une augmentation du prix des prestations.

Le rôle des pouvoirs publics et sportifs sera déterminant ; les retombées économiques sont énormes et remplissent les caisses de l’état qui n’en a pas encore pris conscience. Au contraire, l’équitation est encore fortement taxée et considérée comme un sport de riches ou de fraudeurs.

Un manège, en fonction de la démographie de la région et de ses infrastructures ne peut accueillir qu’un nombre limité de pratiquants ; les plus grosses installations, en beaucoup plus petit nombre, auront une fonction différente.

L’implantation de nouvelles installations modernes de petite ou taille moyenne, adaptées à un public ciblé, dans des sites favorables, doit être encouragé. 

 Pas trop loin des centres urbains, elles doivent disposer des espaces suffisamment vastes de façon à ce que les jeunes puissent pratiquer des activités équestres  diversifiées en toute sécurité et pour des raisons d’age, en terrain privé.

Les moyens de transport en commun disparaissent ou ne permettent pas d’accéder aux manèges qui doivent actuellement s’implanter dans des zones reculées ; de plus, les jeunes actuels, pour des motifs de sécurité ou de confort, ne se déplacent plus trop loin et certainement plus à pied ou en vélo. Le ramassage par mini-bus et le co-voiturage sont les solutions à préconiser.

Des facilités et subsides doivent être accordés aux manèges dont le rôle social et économique est évident ; diminution des impositions et interventions lors de l’investissement ou dans l’entretient tel que cela se pratique chez nos voisins français, seraient nécessaires.

On peut envisager de partager sanitaires et dortoirs, réfectoires et salles de cours avec d’autres complexes sportifs ou de récréation.

 En milieu rural, les subsides devront être étudiés au cas par cas. Utopique ou réalisable ?

L’avenir nous le dira mais les exploitants de manèges et les enseignants se regroupent actuellement en associations représentatives et dans un avenir proche comptent bien faire entendre leur voix auprès de toutes les instances concernées ; à quand une association représentative des pratiquants ?

Un autre domaine sensible est le transport des animaux et donc spécialement des chevaux lorsqu’on veut se rendre à l’une ou l’autre activité ou rencontre équestre.

 Il faudra là aussi trouver des solutions pour que ceci ne représente plus un frein au développement de ces activités.

Quant aux compétitions ? : Je pense qu’elles suivront leur bonhomme de chemin.

 Les officiels et responsables s’adapteront aux besoins et désirs de la masse.

 Eux aussi apprendront à se spécialiser vers un niveau ou une tranche d’age en veillant toujours à l’application des règlements.

Dans les concours de dressage, en plus des reprises classiques on verra certainement,

comme en patinage artistique et à tous les niveaux, l’exécution de reprises en musique dont les exécutants auront, en respectant des consignes, imaginé la chorégraphie ; on y verra peut-être même de beaux costumes et la confrontation de paires ou de couples, de reprises par groupes de 4 ou de 8.

 Je parie que l’attelage avec des jeunes ou enfants sur terrain privé va se développer.

Pour terminer ce premier article :

Je voudrais remercier mes professeurs, mes collègues et tous mes élèves, passés et présents qui par leur passion m’encouragent à poursuivre dans l’enseignement de la pratique de l’équitation.

Il est bien vrai que le cheval est la plus noble des conquêtes de l’homme mais je suis sur que c’est nous qui sommes possédés par lui.